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L’ancien commissaire de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR), Murray Sinclair, a récemment écrit que « l’éducation nous a mis dans ce pétrin et l’éducation nous en sortira ».

Par « ce pétrin », M. Sinclair évoque à juste titre l’histoire de la recherche et de l’érudition dans une entreprise coloniale au cours de laquelle les académiques et les institutions savantes ont été complices, parfois activement et souvent implicitement, d’une marginalisation systématique des voix autochtones, tant au Canada que dans des pays à l’histoire analogue comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Au Canada, la Journée du chandail orange et la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation font partie des récentes reconnaissances sociétales de notre histoire difficile qui nous offrent l’occasion de nous réengager en faveur de la vérité, qui est une étape nécessaire à la réconciliation.

En tant que membres autochtones d’Académies savantes au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, nous avons observé l’évolution des pratiques au niveau individuel et institutionnel qui constituent des exemples inspirants d’engagement avec les peuples autochtones, fondés sur le principe simple et vital du respect qui imprègne la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples autochtones (UNDRIP).  

Au Canada, par exemple, les contributions du professeur Val Napoleon dans le domaine des ordres juridiques autochtones ont fait évoluer l’étude et la pratique du droit au Canada. Prof. Sara Goulet, de la University of Manitoba, travaille avec les communautés autochtones afin de combler les écarts en matière de santé entre les peuples autochtones. Quant au professeur Peter Leavitt, biologiste à la University of Regina, il étudie les écosystèmes aquatiques intérieurs dans les territoires traditionnels des peuples autochtones des Prairies canadiennes.

Compte tenu de nos histoires parallèles, il n’est pas surprenant que des évolutions similaires se produisent en Australie et en Nouvelle-Zélande.

À Aotearoa (Nouvelle-Zélande), le parcours de réconciliation a été étroitement lié, notamment, à la découverte universitaire. Le secteur de la recherche à Aotearoa a reconnu que l’investissement dans la recherche par, avec ou pour les Māori était disproportionnellement faible. Pour pallier la situation, il a été proposé que la politique de recherche, de science et d’innovation soit conçue de manière à permettre aux connaissances autochtones, aux chercheurs Māoris et à la recherche menée par les Māoris de répondre aux aspirations des Māoris.

En Australie, la réconciliation a officiellement commencé en 1991 lorsque la Commission royale sur les décès d’Autochtones en détention a publié son rapport final et recommandé au Parlement australien d’entreprendre un processus de réconciliation nationale. En réponse, la communauté universitaire australienne a permis aux scientifiques autochtones et insulaires du détroit de Torrès de s’engager de manière significative dans la communauté scientifique.

Dans le cadre de notre cheminement collectif vers la réconciliation, la Société royale du Canada, l’Académie australienne des sciences et la Société royale Te Apārangi se sont engagées à travailler ensemble afin d’améliorer notre compréhension de la façon dont les perspectives autochtones sur les sciences, les sciences sociales, les sciences humaines et d’autres domaines d’études ne se contentent pas d’amplifier les voix, mais conduisent à des changements importants au sein de nos communautés d’académiques et de chercheurs.

La première des trois conférences organisées conjointement par nos trois Académies d’ici à 2026 aura lieu en novembre sur le territoire non cédé des peuples salish de la côte, y compris les territoires des nations xʷməθkwəy̓əm (Musqueam), Skwxwú7mesh (Squamish) et səlilwətaɬ/Selilwitulh (Tsleil-Waututh) (communément appelé Vancouver, Colombie-Britannique).

Lors de la première conférence, des délégués autochtones, dont des étudiants issus de plusieurs universités canadiennes et des membres de nos Académies spécialisés dans les sciences sociales, les sciences de l’eau autochtones, les mathématiques et la dynamique des fluides, l’épidémiologie sociale, l’écologie des eaux douces et le traitement des eaux usées, participeront à un débat sur l’avenir de l’engagement autochtone dans nos Académies.  

En nous réunissant en tant qu’Académies, nous avons trois objectifs : (1) établir un programme de recherche international dirigé par des autochtones dans le but d’influencer les politiques publiques au profit des communautés autochtones ; (2) intégrer les voix des étudiants autochtones et des contextes de mentorat international significatifs dans les réunions et le programme de recherche ; et (3) faire progresser la réflexion sur la manière dont les établissements d’enseignement supérieur peuvent établir des partenariats novateurs avec les communautés autochtones.

Nous sommes convaincus que, dans notre quête collective de la vérité, nous contribuerons aux prochaines étapes de la réconciliation, et nous vous invitons à vous engager avec nous dans ce voyage au sein et entre les nations.

Frank Deer est président du Collège de la Société royale du Canada
Tom Calma est membre de l’Académie australienne des sciences
Carwyn Jones est membre de la Société royale Te Aparangi de Nouvelle-Zélande

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