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En novembre 2023, Isabelle Côté (MSRC) a été officiellement intronisée à l’Académie des sciences de la SRC. Peu après, elle s’est embarquée avec trois collègues pour une formidable traversée de l’océan Atlantique, afin de sensibiliser le public à la conservation des océans. L’équipage entièrement féminin du projet « Salty Science » a parcouru les plus de 8 000 kilomètres séparant les îles Canaries et Antigua en un peu plus d’un mois, récoltant au passage plus de 260 000 dollars US et remportant la victoire dans la catégorie féminine de la compétition World’s Toughest Row. 

Mme Côté, professeure à l’Université Simon Fraser, a cumulé plus de trente années de carrière, marquées par des recherches novatrices, son grand leadership scientifique et sa volonté de faire progresser la compréhension et la conservation des écosystèmes marins. 

Au cours de cette brève entrevue, vous aurez l’occasion d’en apprendre davantage sur la professeure Côté, sur sa traversée de l’Atlantique à la rame et sur les raisons pour lesquelles elle pense qu’il est important de célébrer la Journée mondiale de l’océan. 

Q : Pouvez-vous nous résumer en quelques mots votre traversée de l’Atlantique à la rame? 

R : Quand j’y pense maintenant, le jour où nous avons quitté La Gomera, dans les îles Canaries, à bord d’une barque de 7,5 mètres, semble bien lointain. Nous avons toutes les quatre – trois générations de spécialistes des sciences de la mer – appris à avironner spécialement pour cette course. Le départ a eu lieu par une belle matinée ensoleillée, mais deux jours plus tard, la mer s’est déchaînée et nous avons dû affronter des vagues de 10 mètres. Beaucoup de matériel s’est brisé – des rames, une dame de nage, notre dessalinisateur. Et c’était pire la nuit, parce que nous ne pouvions pas voir d’où venaient les vagues. Au bout de dix jours, le vent est tombé, mais il s’est ensuite mis à souffler contre nous et notre vitesse a chuté de 95 à tout juste 24 milles nautiques par jour. C’était comme ramer dans du ciment. Les mythiques alizés qui auraient dû nous pousser vers l’ouest ne sont jamais levés et nous devions en plus lutter contre des vents du sud et du nord. En revanche, ces difficultés ont été ponctuées d’observations tout à fait magiques, par exemple des baleines, des requins, un groupe de dauphins et des bancs de thons, ainsi que de plusieurs célébrations (Noël, le Nouvel An, un anniversaire), de baignades dans l’océan et de spectaculaires levers de lune. Après 38 journées passées à ramer 12 heures par jour, nous avons touché terre à Antigua, remportant la course dans la catégorie des femmes. 

Q : Qu’est-ce qui vous a motivées à entreprendre une expédition aussi ambitieuse et quelle mission vous étiez-vous donnée pour cette aventure? 

R : Le défi physique à relever était certes une motivation, mais il y avait aussi la possibilité de vivre l’immensité d’un océan comme aucune d’entre nous ne l’avait fait dans sa vie professionnelle. Nous voulions aussi profiter de l’occasion pour sensibiliser les gens et recueillir des fonds pour des organisations qui font tout un travail pour renforcer les capacités du secteur de la conservation marine. Nous avons amassé plus de 260 000 dollars jusqu’à maintenant et nous continuons de recevoir des dons.  

Q : Quelle est la signification de la Journée mondiale de l’océan et pourquoi est-il important de la célébrer? 

R : Pour moi c’est tous les jours la Journée de l’océan! Mais c’est aussi très bien d’avoir une journée qui souligne l’importance qu’a l’océan pour tant d’aspects de notre vie quotidienne, depuis l’air que nous respirons jusqu’à la nourriture qui se retrouve dans nos assiettes, en passant par l’émerveillement que nous ressentons à la vue de tout ce qui va du plancton bioluminescent à l’épaulard. 

Q : Selon vous, quels sont les problèmes les plus urgents qui se posent pour la préservation de nos océans et comment pourrions-nous les résoudre? 

R : La surpêche et le dérèglement climatique. Les solutions à ces deux problèmes sont semblables : réduire les subventions, ce qui exige de tous les gouvernements un certain courage politique, trouver des solutions moins destructives et assurer une meilleure gestion de l’environnement. 

Q : Comment votre travail contribue-t-il à un avenir plus durable pour nos océans? 

R : Mon travail porte sur les espèces marines envahissantes, c’est-à-dire les espèces introduites volontairement ou par inadvertance dans des parties du monde où elles n’avaient jamais été présentes auparavant. Mon groupe étudie l’impact des prédateurs envahissants sur les espèces indigènes et la meilleure façon de contrôler les envahisseurs pour atténuer cet impact.  

Cliquez ici pour en savoir plus sur l’équipage « Salty Science » et sa traversée de l’Atlantique. 

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