Jacques Godbout occupe une place marquante dans la société québécoise et canadienne par une oeuvre multiforme qui mêle habilement les talents nécessaires à la production d'oeuvres littéraires dans les domaines du roman, de la poésie, des essais et une oeuvre cinématographique imposante qui oscille entre la fiction et le documentaire. Engagé socialement, il collabore à la mise en place d'infrastructures sociales importantes : président du Mouvement laïque de langue française, co-fondateur et premier président de I'Union des écrivains québécois, fondateur et directeur de la revue « Liberté ». À I'emploi de I'Office national du film, il a une maîtrise en lettres de l'Université de Montréal et est récipiendaire de nombreux prix, dont le prix David et le prix du Gouverneur général.

Yolande Grisé est aujourd'hui bien reconnue parmi les chercheurs et le milieu culturel. Ses publications (14 livres parus, d'autres en chantier, une quinzaine d'articles savants et de nombreux textes publiés dans des périodiques littéraires et culturels) l'attestent hautement. Spécialiste dès le départ dans les études anciennes, elle est devenue depuis une quinzaine d'années une experte notable dans les lettres canadiennes, aussi bien franco-ontariennes que québécoises. Il importe de souligner aussi son apport considérable à l'organisation de la recherche (comme directrice du Centre de recherche en civilisation canadienne-française, à I'Université d'Ottawa) et à la promotion générale de la culture en Ontario (par un engagement hardi, soutenu et même médiatique).

Par ses travaux sur l'histoire politique du Québec, Marcel Hamelin a su ouvrir des avenues neuves et apporter un éclairage riche dans un champ pourtant bien cultivé avant lui. Son ouvrage « Les premières années du parlementarisme québécois (1867-1878) » en particulier, manifeste une belle maîtrise du métier d'historien : documentation irréprochable, sens critique, esprit de synthèse, aisance de l'écriture. Parallèlement à une carrière professionnelle bien remplie, Marcel Hamelin a su démontrer des qualités remarquables d'administrateur universitaire qui l'ont rapidement conduit au poste de doyen d'une des plus grandes facultés de son université.

La carrière de M. Alain Haurie est remarquable. Il est devenu professeur à I'Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Montréal en 1963. A cette époque, l'enseignement de l'administration accordait une large place à la description du cadre juridique et des institutions, ainsi qu'au transfers des techniques et croyances des administrateurs en exercice. Mathématicien, M. Haurie s'est efforcé d'y introduire une nouvelle dimension. Par son enseignement et ses recherches - qui sont la source de plus d'une centaine de publications - il a persuadé ses collègues et étudiants que les méthodes quantitatives permettent de mieux préparer les décisions et doivent, par conséquent, trouver place dans la formation des administrateurs. Il a « modélisé » des problèmes de grande importance, soient ceux de la gestion des systèmes énergétiques et des établissements de santé. On lui doit la fondation du Groupe d'Etudes et de Recherches en Analyse des Décisions, qui recrute ses collaborateurs dans la plupart des universités et grandes écoles du Québec. Le travail inlassable de Monsieur Haurie le place parmi ceux qui ont fait progresser les sciences de la gestion et contribué à l'étude de problèmes importants.

Monsieur Jacques Henripin a été à l'origine du développement de la démographie au Québec, tant dans l'enseignement universitaire, que dans ses applications pratiques. Ses nombreuses activités lui donnent un rayonnement qui dépasse de beaucoup son rôle de chercheur scientifique. Outre sa licence en sciences sociales, économiques et politiques (Université de Montréal 1951) et un doctorat en science économique de l'Université de Paris (1953), il a fait un stage de deux ans à l'Institut national d'études démographiques de Paris, un stage au London School of Economics (1952) et au Social Science Research Council, Université de Chicago (1956). Depuis lors, il a occupé de nombreux postes académiques et non académiques, publié des livres et des brochures, des articles scientifiques dans divers périodiques et fait de nombreux travaux de vulgarisation.

Pierre Hurtubise est un chercheur dont les publications ont été reconnues dans les cercles érudits d'Europe et d'Amérique. Outre de nombreux articles sur des sujets ayant surtout trait à l'histoire religieuse, il a fait paraître de grands travaux sur les Salviati, illustre famille d'Italie : deux gros tomes de textes présentés et annotés de la « Correspondance du Nonce en France Antonio Salviati » et une volumineuse étude historique intitulée « Une famille-témoin : les Salviati ». Il s'est également illustré dans un rôle d'animateur savant, comme professeur de faculté, comme directeur d'un centre de recherche et, à présent, comme recteur d'université.

Avocat, médecin et ancien Premier ministre du Québec, Pierre Marc Johnson enseigne présentement le droit de l'environnement et les politiques publiques à l'Université McGill. Il est également professeur au Centre de médecine, d'éthique et de droit, où, avec une équipe de jeunes chercheurs, il se penche en particulier sur les questions de l'incertitude scientifique en analyse des risques et des responsabilités administratives en matière d'environnement. Ses préoccupations et ses recherches ont amené M. Johnson à jouer un rôle de plus en plus important dans certains organismes, telle la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie dont il est le vice-président et le responsable du comité des affaires étrangères. Il a également agi à titre de conseiller spécial du secrétaire général de la Conférence des Nations-Unies sur l'environnement et le développement qui a eu lieu à Rio en 1992. Depuis trois ans, il a prononcé une cinquantaine de conférences au Québec, au Canada et en Europe sur l'environnement et l'éthique. Ses principales allocutions et ses nombreux articles témoignent d'une grande rigueur intellectuelle liée à un souci de rendre la problématique écologique intelligible au plus grand nombre.

Danielle Juteau fait oeuvre de pionnière dans la constitution du champ des études féministes et la consolidation des études ethniques au Canada. Ses études sur les Franco-Ontariens ont offert des pistes d'analyse qui servent dorénavant de tremplins et de points de repère sociologiques aux francophonies minoritaires canadiennes. Ses recherches sur le travail des religieuses, sur la transformation de la dynamique ethnique et nationale et sur l'institutionnalisation des droits de la citoyenneté dans des sociétés qui adhèrent à des modèles nationaux distincts donnent lieu à l'élaboration d'une problématique novatrice axée sur l'analyse transversale des rapports sociaux. Ses recherches sur les relations entre les rapports de sexes et les rapports ethniques majoritaires/minoritaires lui ont apporté un rayonnement intemational. La création de divers programmes d'enseignement et la réalisation d'un nombre impressionnant de recherches subventionnées (la violence familiale, la représentation ethnique dans les médias, les groupes haineux, l'impact de l'immigration sur l'entrepreneurship, le flux migratoire, le profil de carrière des religieuses) en font un chef de file dans ses domaines d'expertise. Titulaire de la chaire en relations ethniques, elle poursuit ce travail au Centre d'études ethniques de l'Université de Montréal où elle a su créer un milieu de recherche stimulant qui témoigne de sa capacité remarquable de mobiliser les chercheurs autour de problématiques et de thèmes communs.

Né en Pologne, le professeur Wladimir Krysinski a d'abord enseigné à l'université de Lodz, puis à l'université de Strasbourg dont il est docteur avec une thèse de littérature comparée intitulée « Structures thématiques chez Pirandello et quelques autres français ». C'est en 1966 qu'il arrive à l'université Carleton où il fait carrière en études françaises et comparées et d'où il part en 1976 pour l'Université de Montréal; là, il est actuellement professeur titulaire au département d'études anciennes et modernes et directeur de la section d'études slaves. Polyglotte, poète en polonais (« Ex occidente », 1966) et en français (« Formotropie », 1977), Wladimir Krysinski enseigne brillamment les littératures modernes. S'étant d'abord intéressé aux problèmes du théâtre, il passe peu à peu à ceux du roman et de la poésie; ses perspectives théoriques et critiques font de lui un excellent analyste littéraire. Il est membre du comité de rédaction d'« Etudes françaises de Spirali » et du « Journal canadien de recherches sémiotiques ». Outre de nombreux articles érudits dans le domaine littéraire, il est l'auteur de « Carrefours de signes : essais sur le roman moderne » (sous presse chez Mouton et destiné à paraître en traduction italienne chez Léone).