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Nous vivons à une époque de l’histoire humaine où les aspects sociaux, technologiques et environnementaux évoluent de plus en plus rapidement et font accroitre de manière exponentielle la complexité de l’élaboration de politiques et de réglementations. Il n’a donc jamais été aussi urgent de faire bénéficier les gouvernements d’avis éclairés de spécialistes avant toute action, et en particulier dans la formulation de politiques publiques. Néanmoins, et ce de manière paradoxale, nous vivons également à une époque où les affirmations trompeuses se propagent à l’échelle mondiale en quelques secondes, encouragées par un nombre croissant de dirigeants qui dévalorisent ouvertement la science, leurs partisans, leurs praticiens et leurs conclusions.

Dans ce contexte, les autorités doivent s’appuyer sur des connaissances scientifiques solides qui peuvent être utilisées pour traiter les problématiques d’aujourd’hui et se préparer à celles de demain. Heureusement pour le Canada, le leadership transformateur du gouvernement fédéral soutient l'émergence et le développement, depuis les années 1970, d'une capacité scientifique de calibre mondial. Ce leadership fédéral a été considérablement renouvelé depuis 2015 et le Canada est reconnu à l'échelle internationale pour la qualité et l'ampleur des recherches dans les domaines des sciences naturelles et de la santé, des lettres et sciences humaines, du génie, des arts et des sciences sociales. De plus, cette qualité et cette ampleur caractérisent également les campus et les institutions de toutes les provinces et territoires.

Malheureusement, un fossé important sépare cette capacité scientifique de calibre mondial et la prise de décision réelle des autorités. Peu de voies claires permettent et facilitent la collaboration entre les membres du gouvernement et les scientifiques et académiques de renom du Canada, dont la vaste majorité reçoit des fonds de recherche provenant du gouvernement fédéral. Des décisions ont récemment été prises pour coordonner et renforcer les connaissances scientifiques au sein du gouvernement, ainsi que pour améliorer la collaboration entre les organismes de recherche extra-muros fédéraux. Néanmoins, aucune action fédérale n’a été entreprise pour combler le fossé interne-externe. Il en résulte que le gouvernement fédéral ne peut faire appel de manière efficace à la capacité scientifique de renommée mondiale du Canada pour aider à relever tous les défis sociaux, technologiques et environnementaux urgents auxquels sont confrontés les décideurs gouvernementaux au 21e siècle.

Dans ce contexte, le plan stratégique 2018-2022 de la SRC souligne son point de vue historique indiquant que les avis scientifiques indépendants, objectifs et émis par des experts sont essentiels au développement de politiques et à la prise de décisions. La SRC s’est engagée à « porter davantage attention aux conseils à fournir dans le cadre de politiques et de débats publics ». Cet engagement s’appuie sur l’exposé de position de la SRC publié en 2015 qui détaillait l’importance cruciale des avis scientifiques, et les caractéristiques qui définiraient idéalement ces avis ainsi que les structures/le personnel chargés de les rendre. 

Le gouvernement fédéral a répondu rapidement aux recommandations émises par la SRC, et par d’autres qui l’ont suivie, en faisant la promesse en 2015 de rétablir le poste de conseiller scientifique en chef. Il a été décidé que le conseiller scientifique en chef garantirait que « les analyses scientifiques soient prises en compte dans les décisions du gouvernement. » Les processus permettant de tenir cette promesse restent néanmoins inappropriés. Il est désormais urgent de combler le fossé interne-extérieur en créant des voies explicites permettant et facilitant la prise en compte des avis scientifiques externes. À cette fin, la SRC suggère deux étapes essentielles :

  1. La SRC recommande que le conseiller scientifique en chef du Canada soit formellement reconnu en tant qu’interlocuteur principal établissant le lien entre la science externe et le gouvernement, et que ce rôle soit inscrit dans la législation. Plus particulièrement, le conseiller scientifique en chef doit être habilité à préciser et à renforcer les procédures internes du gouvernement en matière de définition d’un ordre du jour des problématiques nécessitant des avis scientifiques externes.
  2. La SRC recommande que le gouvernement du Canada agisse immédiatement pour créer un comité consultatif de haut niveau sur les sciences et la technologie, et que ce comité soit inscrit dans la législation. Nous recommandons également que le CSC co-préside (ou préside) avec un co-président externe (ou vice-président) choisis parmi les personnes nommées par le gouvernement du Canada. Nous recommandons également que les présidents de la Société royale du Canada, de l’Académie canadienne des sciences de la santé et de l’Académie canadienne du génie siègent ex officio au sein du nouveau comité afin de renforcer les connaissances du gouvernement par rapport aux leaders des communautés scientifiques du Canada et de lui permettre d’entrer en contact avec eux.
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