Roger Dehem a eu une carrière riche et diversifiée. Il a enseigné aux universités McGill (1947-1949), de Montréal (1948-1958), Laval (depuis 1961), Queen's (1966) et Paris IX (1972), en plus d'avoir été consultant à l'OECE (1958-1960). Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la théorie et l'histoire économiques, notamnent « Traité d'analyse économique » (1958, 1967, traduction en espagnol, en italien et en japonais), « Précis d'économie internationale » (1982), « Histoire de la pensée économique » (1983), « Économies capitalistes et socialistes » (1988). Dans ses recherches, M. Dehem s'est intéressé aux grands problèmes et la trentaine d'articles qu'il a publiés dans les grandes revues économiques (telles « Econometrica », « Canadian Journal of Economics », « Bulletin de l'Institut de recherches économiques et sociales de Louvain »), le classent aussi parmi les spécialistes de l'économie appliquée. Ses pairs ont reconnu sa valeur en l'éIisant président de la Canadian Economics Association (1973-1974) et président de l'Association canadienne de science économique (1978-1979).

Docteur de l'université de Toulouse (France) et professeur à l'Université de Montréal, où elle est titulaire depuis 1978, Jeanne Demers a apporté aux études littéraires une ouverture vers l'anthropologie et la sociologie. Ses nombreux articles et le numéro d'« Etudes françaises » qu'elle a publiés sur le conte parlé et écrit, de même qu'une importante bibliographie analytique et critique de ce domaine de recherche, placent Jeanne Demers parmi les premières à intégrer dans les études strictement littéraires cette forme orale et écrite. Les travaux qu'elle poursuit sur le manifeste, et dont elle a donné plusieurs éléments dans des ouvrages collectifs et des revues savantes, s'orientent nettement vers une mise en rapport du poétique et du politique. Le premier de ses livres sur « Commynes (mé)mor(i)aliste » a été salué par les spécialistes français et étrangers comme l'interprétation moderne désormais essentielle pour les études sur ce chroniqueur et aussi sur son époque (XIVe et XVe siècles). Jeanne Demers a occupé plusieurs importantes fonctions administratives, dont celle de vice-doyenne aux études de la Faculté des arts et des sciences de l'Université de Montréal. Professeur émérite depuis juin 1992, membre du Conseil de l'Université de Montréal et directrice des Presses de la même université de 1990 à 1994, Jeanne demers (M.A. Wisconsin et doctorat de troisième cycle de Toulouse-le-Mirail) a été secrétaire puis de 1991 à 1994, présidente de l'Académie des lettres et des sciences humaines de la Société royale du Canada, présidente également de 1994 à 1999 de la section québécois du P.E.N. Club international. En 1996, elle était nommée chevalier de l'Ordre du Québec. Auteure ou co-auteure de plusieurs livres - Phonétique théorique et pratique (Centre de psychologie et de pédagogie, 1962), Phonétique appliquée (Beauchemin, 1968), Commynes méMORIALISTE (PUM, 1975), L'enjeu du manifeste / Le manifeste en jeu (éd. du Préambule, 1986), L'inframanifeste illimité (nbj, 1987), Montréal graffiti, Montréal graffiti bis, Graffiti et loi 101 (VLB, 1987, 1988, 1989) -, d'une édition critique - les contes de Pamphile Le May (PUM, 1993 -, elle a donné des communications ou fait des conférences dans dix pays différents et publié, dans des revues tant européennes que nord-américaines, collaboré également à plus d'une vingtaine de collectifs d'ici et d'ailleurs ainsi qu'à la préparation de sept numéros de revues (Études françaises, Études littéraires, La Barre du jour). Médiéviste de formation, elle a multiplié, au cours des années, ses champs de recherche mais en gardant toujours à l'esprit un projet générique et rhétorique. C'est dans cette double optique qu'elle a travaillé sur le récit court des XVe et XVIe siècles, sur le langage poétique, sur l'essai (Montaigne), sur le conte oral haïtien et sur le conte écrit francophone quelle que soit sa provenance, sur le phénomène des mémoires, sur le manifeste enfin, et qu'elle poursuit maintenant une réflexion sur la poétique d'auteure et l'art poétique (projet suvbentionné jusqu'en décembre 1994 par le CRSH). Dans plusieurs de ces champs, elle a fait figure de pionnière, en particulier pour ce qui est du conte, du manifeste et maintenant de la poétique du poète et des précis dit "art poétique". Son souci : établir un problématique de ces différentes formes afin de mieux comprendre la littérature et la place qu'occupe celle-ci dans l'ensemble des discours; d'où son intérêt pour des discours frontières comme le graffiti et le discours juridique. En tant que directrice des Presses, Jeanne Demers a par ailleurs fait plusieurs contributions (articles, communications, participations à et préparations de table rondes) en vue d'une meilleure définition des publications dites "savantes" et, plus largement, de la recherche, en particulier de la recherche littéraire.

Helléniste reconnu, le professeur Jacques Desautels s'est fait connaître notamment par ses travaux sur la mythologie grecque, en particulier son ouvrage « Dieux et mythes de la Grèce ancienne », qui reçoit présentement un accueil remarquable en Europe, autant auprès des spécialistes que du public. C'est à lui aussi qu'on doit en partie le renouveau des études hippocratiques au Canada : dès 1972, il a participé aux groupes de recherche internationaux sur le corpus des écrits médicaux et il a fondé, avec un collègue, un centre de recherche dont les réalisations ont largement dépassé les frontières. On doit souligner enfin le souci exceptionnel de diffusion de la recherche que n'a cessé de manifester le professeur Desautels, auprès de ses pairs, mais tout autant auprès d'un public plus large : qu'il suffise de citer les cours télévisés qu'il a créés sur la mythologie, puis sur la civilisation grecque, dont on a fortement souligné la qualité et le rayonnement, ou même les romans historiques qu'il a publiés « Le Quatrième Roi Mage » en 1993 et « La Dame de Chypre » en 1996.

Né au Québec, âgé de 50 ans, professeur titulaire d'archéologie classique à l'Université Laval, directeur des collections de l'Université Laval et adjoint au vice-recteur à l'enseignement et à la recherche, Jean des Gagniers est fort bien doué tout ensemble pour l'administration, l'enseignement et la recherche. Pendant trois étés il a dirigé les fouilles de Laval à Laodicée (Turquie) et pendant dix étés celles de Soli (Chypre). Auteur de nombreux articles de revue et d'au moins 8 volumes, dont 4 sont de grand format : « L'Acropole d'Athènes », « La céramique chypriote de style figuré » (2 vol), «Laodicée du Lycos », « Vases et figurines de l'âge du Bronze à Chypre », « Objets d'art du Louvre », « Le Lunaméron », puis deux monographies artistiques et historiques sur « L'île-aux-Coudres » et le grand peintre « James Wilson Morrice ». Diplômé de l'Ecole du Louvre où il a étudié nombre d'années, il a organisé plusieurs grandes expositions de qualité et est souvent consulté par le Musée national, les Musées du Québec et de l'Ontario.

Un de nos rares spécialistes d'histoire sociale et d'histoire des institutions de la Nouvelle-France et de la France de l'Ancien Régime, Jean-Claude Dubé, à travers de nombreux articles mais surtout trois ouvrages majeurs parus ces dernières années, a profondément renouvelé notre connaissance du monde des administrateurs coloniaux, des intendants en particulier.

Jean-Marie Dufour est un économètre de renommée mondiale. Il a développé des techniques de tests économétriques particulièrement utiles aux chercheurs qui étudient les comportements des agents économiques à l'aide de modèles comnplexes et à partir de petits échantillons. M. Dufour a également amélioré la précision des méthodes économétriques utilisées pour analyser l'évolution des séries chronologiques macroéconomiques et leurs liens de causalité. Dufour a publié de nombreux articles dans les revues spéciaIisées les plus prestigieuses. Il a reçu, en 1988, le prix de la Société canadienne de science économique et, en 1994, le prix de I'Association canadienne d'économique, pour I'excellence de sa recherche.

Diplômé d'études supérieures, doctorat ès Lettres, stagiaire du Centre d'ethnologie française, a publié nombreux livres d'ethnologie. Professeur, directeur d'études et de recherche. Son champ d'intérêt va du dire au faire de la culture populaire. En même temps qu'il se spécialise en culture matérielle, toute la sagesse et l'art des peuples francophones, I'Acadie en particulier, le passionnent. La contribution de Jean-Claude DUPONT compte parmi les plus importantes de la nouvelle génération des ethnologues et folkloristes canadiens.

Nadia Fahmy-Eid a d'abord fait sa marque comme spécialiste de I'idéologie ultramontaine au Québec, et son livre « Le clergé et le pouvoir politique au Québec » reste un ouvrage de référence majeur sur ce sujet. Elle s'est ensuite illustrée dans le champ de I'histoire des femmes au Québec et au Canada, qu'elle a grandement contribué à développer et dont elle est devenue I'une des spécialistes les plus réputées. Ses recherches en ce domaine ont surtout porté sur I'histoire de l'éducation des filles, un sujet auquel son ouvrage (avec Micheline Dumont) « Les couventines » a apporté une contribution exceptionnelle. Ces dernières années, elle a mené des recherches d'envergure sur la formation et le travail des femmes dans le secteur paramédical. Ses travaux ont ainsi permis de renouveler de façon significative à la fois I'histoire de l'éducation et I'histoire du travail. Nadia Fahmy-Eid est I'auteure ou la coauteure d'un grand nombre de publications sur I'histoire des femmes, qui lui ont valu quatre prix importants. Elle est présidente de la Société historique du Canada.

Marguerite Fauquenoy, professeur à Simon Fraser University, a poursuivi des études supérieures dans deux disciplines différentes, anthropologie et linguistique. Son terrain de recherche actuel est la Guyane, mais elle a effectué aussi d'autres recherches en France et au Canada sur différentes variétés de français. Plusieurs publications de qualité, dont quatre solides volumes, ont contribué à lui valoir une réputation internationale dans le monde de la linguistique créole francophone. Elle prépare actuellement un dictionnaire bilingue sur le créole de Guyane française et travaille sur un projet de recherche en tradition orale, « Ethnotextes guyanais ».

M. François-M. Gagnon est historien de I 'art, comme son père Maurice Gagnon. Après des études universitaires à Ottawa et à Paris, il obtient son doctorat de la Sorbonne en 1970 pour une thèse intitulée : « Les personnages dans I'oeuvre de Jean Dubuffet de 1943 à 1952 ». Professeur titulaire au département d'histoire de l'art de I'Université de Montréal, il en fut le directeur de 1970 à 1973. Spécialiste en histoire de l'art canadien, il a été professeur invité dans des universités tant canadiennes (Laval, Ottawa, Concordia) qu'étrangères (Tel Aviv et Haifa). Il siège sur de nombreux comités pour le développement des arts au Canada et en particulier au Comité de rédaction de « Vie des arts » depuis 1970 et de «The Journal of Canadian Art History » depuis sa fondation en 1974.

Patrice Garant, professeur titulaire de la Faculté de droit de l'Université Laval, est l'un des principaux édificateurs de la doctrine de droit administratif en contexte québécois et canadien. Parti d'une exploration de la notion de service public, il s'entoure d'équipes de jeunes chercheurs et trace graduellement, à travers de nombreuses monographies, le visage juridique de l'Administration publique, particulièrement celui de la justice administrative. L'oeuvre se ramifie : « La fonction publique canadienne et québécoise », « Droit scolaire » et, de façon imminente, un ouvrage de droit pénitentiaire. Au centre, la synthèse doctrinale s'amplifie : « Droit administratif », traité magistral dont la troisième édition consacre un troisieme tome à I'impact des Chartes des droits fondamentaux sur l'Administration publique.