Docteur de l'université de Toulouse (France) et professeur à l'Université de Montréal, où elle est titulaire depuis 1978, Jeanne Demers a apporté aux études littéraires une ouverture vers l'anthropologie et la sociologie. Ses nombreux articles et le numéro d'« Etudes françaises » qu'elle a publiés sur le conte parlé et écrit, de même qu'une importante bibliographie analytique et critique de ce domaine de recherche, placent Jeanne Demers parmi les premières à intégrer dans les études strictement littéraires cette forme orale et écrite. Les travaux qu'elle poursuit sur le manifeste, et dont elle a donné plusieurs éléments dans des ouvrages collectifs et des revues savantes, s'orientent nettement vers une mise en rapport du poétique et du politique. Le premier de ses livres sur « Commynes (mé)mor(i)aliste » a été salué par les spécialistes français et étrangers comme l'interprétation moderne désormais essentielle pour les études sur ce chroniqueur et aussi sur son époque (XIVe et XVe siècles). Jeanne Demers a occupé plusieurs importantes fonctions administratives, dont celle de vice-doyenne aux études de la Faculté des arts et des sciences de l'Université de Montréal. Professeur émérite depuis juin 1992, membre du Conseil de l'Université de Montréal et directrice des Presses de la même université de 1990 à 1994, Jeanne demers (M.A. Wisconsin et doctorat de troisième cycle de Toulouse-le-Mirail) a été secrétaire puis de 1991 à 1994, présidente de l'Académie des lettres et des sciences humaines de la Société royale du Canada, présidente également de 1994 à 1999 de la section québécois du P.E.N. Club international. En 1996, elle était nommée chevalier de l'Ordre du Québec. Auteure ou co-auteure de plusieurs livres - Phonétique théorique et pratique (Centre de psychologie et de pédagogie, 1962), Phonétique appliquée (Beauchemin, 1968), Commynes méMORIALISTE (PUM, 1975), L'enjeu du manifeste / Le manifeste en jeu (éd. du Préambule, 1986), L'inframanifeste illimité (nbj, 1987), Montréal graffiti, Montréal graffiti bis, Graffiti et loi 101 (VLB, 1987, 1988, 1989) -, d'une édition critique - les contes de Pamphile Le May (PUM, 1993 -, elle a donné des communications ou fait des conférences dans dix pays différents et publié, dans des revues tant européennes que nord-américaines, collaboré également à plus d'une vingtaine de collectifs d'ici et d'ailleurs ainsi qu'à la préparation de sept numéros de revues (Études françaises, Études littéraires, La Barre du jour). Médiéviste de formation, elle a multiplié, au cours des années, ses champs de recherche mais en gardant toujours à l'esprit un projet générique et rhétorique. C'est dans cette double optique qu'elle a travaillé sur le récit court des XVe et XVIe siècles, sur le langage poétique, sur l'essai (Montaigne), sur le conte oral haïtien et sur le conte écrit francophone quelle que soit sa provenance, sur le phénomène des mémoires, sur le manifeste enfin, et qu'elle poursuit maintenant une réflexion sur la poétique d'auteure et l'art poétique (projet suvbentionné jusqu'en décembre 1994 par le CRSH). Dans plusieurs de ces champs, elle a fait figure de pionnière, en particulier pour ce qui est du conte, du manifeste et maintenant de la poétique du poète et des précis dit "art poétique". Son souci : établir un problématique de ces différentes formes afin de mieux comprendre la littérature et la place qu'occupe celle-ci dans l'ensemble des discours; d'où son intérêt pour des discours frontières comme le graffiti et le discours juridique. En tant que directrice des Presses, Jeanne Demers a par ailleurs fait plusieurs contributions (articles, communications, participations à et préparations de table rondes) en vue d'une meilleure définition des publications dites "savantes" et, plus largement, de la recherche, en particulier de la recherche littéraire.

Le juge Deschênes est I 'un des plus éminents juristes du Québec. Après des études brillantes en droit (premier prix, licence en droit, Montréal 1946), il s'est engagé dans la pratique du droit et y a excellé. il a été juge à la Cour d'appel (1972-73) et Juge en chef de la Cour supérieure (1973-1983) À côté de cette occupation, déjà lourde, le juge Deschênes s'est intéressé aux sciences sociaIes et humaines dans I'enseignement du droit et dans une participation très active aux affaires universitaires et professionnelles. Ses jugements sont particulièrement bien documentés. Plusieurs de ses décisions sont d'avant-garde et ont fait évoluer le droit québécois. Il a aussi occupé diverses positiojns aux Nations-Unies et a été élu Juge au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (1993-1997).